Ce livre n'évoque que Franquin, ou presque, et pourtant ce n'est pas une monographie. Il ausculte les résonnances d'une année particulière, à savoir 1958 et la fameuse Exposition Universelle de Bruxelles, et pourtant ce n'est pas une étude historique. Il s'intéresse à un style adoré par des générations de lecteurs, un style plus ou moins attaché au Journal Spirou des années 1950, un style baptisé « Atome » par le facétieux Joost Swarte deux décennies plus tard. Et pourtant le titre en est L'Anti-Atome. Malgré l'image qui en est donnée habituellement, le Style Atome n'a pas seulement pour intention de fixer l'utopie optimiste de l'après-guerre, mais d'en interroger les angles morts, les zones d'ombre et l'inquiétude qui sourd déjà de toutes parts. L'Atomium en est l'ambivalent totem : à la fois culte du progrès bienheureux et signe des angoissants excès de la science. Face à lui, les bandes dessinées du Style Atome, et en tout premier lieu celles de Franquin, élaborent un mode de résistance au réel - mais pas non plus un rejet, plutôt un moyen de se le réapproprier pour mieux vivre dans un monde qui outrepasse ses limites. Tel est le sujet de L'Anti-Atome. |