Impérialisme d’exclusion et état d’exception

Après l'année 2008 et son krach, après les plans de sauvetage mais aussi les banqueroutes étatiques et les mouvements de réfugiés qui en ont résulté ces derniers temps, il devient de plus en plus évident dans les centres que le capitalisme est en train de tomber en morceaux. Quant à la périphérie, elle se désintègre elle aussi toujours davantage et s'enfonce dans la guerre civile, la criminalité et le banditisme. D'un côté comme de l'autre on voit se répandre un terrorisme d'exclusion, de démarcation, de verrouillage des frontières. Dans un tel contexte, nous avons souhaité republier certains passages du Weltordnungskrieg de Robert Kurz se rapportant aux thématiques de l'« impérialisme d'exclusion » et de l'« état d'exception », d'autant plus que ce livre est depuis longtemps épuisé. Même si la situation géopolitique et les données empiriques ont changé, si l'ère Bush par exemple appartient désormais au passé et si la Pax Americana ne revêt plus aujourd'hui la même forme qu'en 2003, la logique analysée par Kurz reste plus que jamais à l'œuvre. L'« état d'exception mondial » qui marquait le point culminant de son exposé devient toujours plus manifeste. Robert Kurz est le père fondateur du groupe Brisis et du courant de la Critique de la valeur. Il est l'auteur de nombreux ouvrages traduits dans plusieurs langues dont Le manifeste contre le travail (Krisis) ou Le livre noir du capitalisme, vendu à plus de 20 000 exemplaires en Allemagne. Anselm Jappe est le plus éminent représentant de ce courant en France. Spécialiste de Guy Debord, il l est entre autres l'auteur de « Les aventures de la marchandise » (réédité en septembre 2017 chez La Découverte) et « La société autophage : capitalisme, démesure et autodestruction » (La découverte, septembre 2017).